LES BOUTEILLES DE SOCIÈRE
Dans les magies du folklore, c’est un charme utilisé pour se protéger des esprits malveillants, des attaques magiques et neutraliser les sorts jetés par les sorcières. Les bouteilles de sorcière étaient répandues dans l’Angleterre élisabéthaine, spécialement dans l’East Anglia, où les superstitions et les croyances concernant les sorcières étaient très fortes, si bien que leurs usages ont perduré même à l’époque moderne.
Traditionnellement, la bouteille de sorcière était une petite fiole de trois pouce de hauteur [NdT : un peu moins d’une dizaine de centimètre] en verre bleu ou verdâtre. Certaines étaient plus grandes, de formes rondes, et mesuraient jusqu’à neuf pouces de hauteur [NdT : presque 25 cm de haut]; celles-ci étaient appelées des Greybeards ou encore Bellarmines. Bellarmines était à la base un inquisiteur catholique qui persécutait les protestants et que ses victimes avaient surnommé « le Démon ».
Les Greybeards et les Bellarmines étaient en grès brun ou gris, vernissées avec du sel et ornée de visages barbus. L’on croyait en effet que la présence de ces deux ingrédients faisait fuir le mal.
Ces bouteilles faisaient l’objet d’une préparation magique réalisée par une sorcière ou un rebouteux/se qui la remplissait avec l’urine de la victime, des cheveux ou des rognures d’ongles, ou encore des fils rouges provenant de « pièges à lutins ». Lorsque la bouteille était enterrée sous l’âtre de la maison ou sous le seuil, le sort était rompu et la sorcière censée souffrir mille maux. Quelques fois, la bouteille était jetée au feu, quand elle explosait, le sort se brisait et la sorcière censée être tuée. Si de l’urine était employée comme contre charme, alors la sorcière se retrouvait incapable d’uriner, se retrouvant ainsi victime de son maléfice. Les bouteilles de sorcière étaient surtout utilisées pour annuler des mauvais sorts.
Ces bouteilles étaient accrochées au coin du feu comme charmes empêchant les sorcières d’atterrir et d’entrer dans la maison. Elles étaient aussi accrochées près des portes et des fenêtres, emplâtrées dans le mur au-dessus des linteaux de portes pour en protéger le seuil. Les commerces, les chemins de fer, les ponts et les autres constructions étaient souvent pourvus de bouteilles de sorcières comme moyen de prévention contre les coups du sort, le mauvais œil et les catastrophes.
Dans son livre Sadducimus Triumphatus or Full and Plain Evidence Concerning Witches and Apparitions (1681), Joseph Glanvil décrit les méthodes de fabrication d’une bouteille de sorcière. D’après lui, la femme de William Brearly, un pasteur et membre du Christ’s College de Cambridge, tomba malade quand le couple prit pension dans le comté du Suffolk. Elle était hantée par la vision d’une apparition prenant la forme d’un oiseau. Un guérisseur prescrivit une bouteille de sorcière contenant son urine, des épingles, des aiguilles et des rognures d’ongles. La bouteille fut fermée et placée à côté du feu. Le mal partit, et à ce qu’il paraît, le sorcier qui l’avait envoûté mourût.
Le grand rebouteux anglais James Murrell était célèbre pour ses bouteilles de sorcière. Certaines étaient même faites en acier. Selon la tradition, le forgeron du coin eu de telles difficultés à forger la première bouteille en fer pour Murrell que celui-ci dû réciter un charme afin de parvenir à la forger. Une autre anecdote raconte qu’un garçon se servit de cette première bouteille pour fabriquer de la bière sans savoir à quoi elle servait. Quand il apprit que c’était une bouteille de sorcière, il rentra chez lui tellement terrorisé qu’il en mourût.
Comme Murrell conseillait souvent à ses clients de faire chauffer ses bouteilles de sorcière dans le feu, le forgeron décida de creuser une petite ouverture au sommet de la bouteille afin que la vapeur puisse s’échapper et que la bouteille ne puisse pas exploser et blesser mortellement les pauvres gens. La vapeur sifflante évoqua à Murrell les esprits des sorcières qui luttaient en s’échappant de la bouteille.
Voici un exemple typique de l’action d’une bouteille de sorcière fabriqué par Murrell, autour des années 1850 : Une jeune femme découvrit dans une grange une vieille Gitane en train de boire la bière laissé par les moissonneurs. Quand elle ordonna à la vieille femme de sortir, celle-ci la maudit. Presque immédiatement, la fille commença à avoir des crises de démences, se prenant alternativement pour un chien ou un chat.
Sa famille consulta Murrell, qui prépara une bouteille de sorcière contenant l’urine de la jeune fille, du sang, des herbes et des épingles. La bouteille fût mise au feu dans une chambre que l’on avait obscurcie, toutes portes closes. La famille avait été avertie de l’obligation de garder le silence, sans quoi le contre sort ne fonctionnerait pas. Bientôt des bruits de pas se firent entendre derrière la porte, suivit de coups furieux. Une voix de femme disait "Pour l’amour de Dieu, arrêtez, vous êtes en train de me tuer". Instantanément, la bouteille de sorcière explosa, la voix mourût et la jeune fille recouvra ses forces. Au matin, le corps de la vieille gitane fût découvert gravement brûlé sur une route à trois milles de là.
Les Bouteilles de la Sorcière Moderne
L'origine de ces bouteilles remonte à la Renaissance Italienne, bien avant la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, alors que l'Italie florissait et connaissait la Renaissance. L'épanouissement de cette coutume, ainsi que sa grande popularité dans toutes les couches de la société italienne d'alors, tient en grande partie à l'industrie du verre qui florissait dans plusieurs villes d'Italie, notamment à Murano et à Venise, dont l'expertise et la renommée sont encore reconnues mondialement de nos jours.
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