AVALON ET GLASTONBURY TOR

 L'histoire d'Avalon comme l'imaginaire qui se développe autour d'elle n’est pas non plus sans intérêt, car sa vocation, s'affirmant au-delà des âges, est celle de rendre compte d'un sens caché, véritable symbole des connexions qui existent entre la religion des celtes et le christianisme au cours du premier millénaire. Parmi celles-ci, notons:

- Le fait que Jésus Christ en personne aurait accompagné, dans sa jeunesse, son oncle Joseph d'Arimathie lors d'un voyage en Angleterre et fondé lui-même la première chapelle en Avalon. Construite en osier, elle aurait été érigée sur un terrain de culte druidique.

- Après la mort du Christ, Joseph, on le sait, transporta le Graal jusqu'en Occident et revint sur ces lieux avec douze compagnons pour fonder la première église d'Angleterre non sans avoir passé accord avec le druide Arvirogus, qui alla jusqu'à lui concéder un terrain, la tradition ésotérique chrétienne dont Joseph aurait été dépositaire (les mots sacrés du Graal) semblant s'accorder profondément avec la tradition celtique. C'est là qu'il aurait été enseveli avec deux burettes contenant le sang et la sueur du Christ. Un églantier qui fleurit en hiver rappelle sa visite. Il s'agirait du rejet du bâton de Joseph qui aurait survécu jusqu'à nos jours.

- Le choix de Glastonbury comme lieu sacré du christianisme celtique en "Bretagne la bleue" n'est certes pas dû au hasard, l'Ile d'Avalon, le jardin des Pommes, symbolise la fertilité, l'abondance qui marque les séjours enchantés des Immortels. C'est le passage vers l'au-delà lumineux.

- C'est là que les druides avaient bâti l'un de leurs centres les plus importants des îles britanniques, véritable porte du Sid. Il reste dans l'Imaginaire collectif chargé des légendes de la présence des déesses et fées de l'Autre Monde, à tel point qu'une romancière américaine contemporaine à succès n'hésite pas à y situer le théâtre des exploits de ses héros celtes, en cet "endroit où le pâle reflet lumineux de l'Autre monde éclaire l'Univers des humains".


La première mention de l'île d'Avalon apparaît sous la forme latine insula Avallonis dans l'Historia Regum Britanniae écrite entre 1135 et 1138 par Geoffroy de Monmouth. L'auteur nous dit qu'après la bataille de Camlan où Arthur fut mortellement blessé en combattant Mordret, le roi de Bretagne fut conduit sur cette île. En 1155, le poète anglo-normand Robert Wace offre une adaptation de l'Historia et reprend le motif consacré par Geoffroy de Monmouth :
« en Avalon se fist porter Por ses plaies mediciner »

Dans certains manuscrits de l'Historia comme dans les Brut, c'est aussi sur cette île que fut forgée l'épée Excalibur :
« En l’île d’Avalon fut faite» (Ce qui peut aussi signifier qu'elle fut forgée à partir du minerai de l'île).

Entre temps, en 1149, fut publiée la Vita Merlini, ou Vie de Merlin. Ce manuscrit est aussi attribué à Geoffroy de Monmouth, l'auteur de la Vita y décrit toujours l'île d'Avalon comme étant le lieu où fut conduit Arthur après la bataille de Camlan. Notons cependant que l'auteur préfère parler de « l'île des pommiers, appelée île Fortunée, parce que ses campagnes pour être fertiles n'ont pas besoin d'être sillonnées par le soc du laboureur ; sans culture et tout naturellement, elle produit de fécondes moissons, des raisins et des pommes sur ses arbres non taillés ; au lieu d'herbes son sol est couvert de toutes sortes de récoltes.
" On y vit plus de cent ans".

Dans la Vita Merlini, l'auteur décrit aussi les fameuses habitantes de l'île d'Avalon : « Neuf sœurs
y soumettent à la loi du plaisir ceux qui vont de nos parages dans leur demeure ; la première excelle dans l'art de guérir et surpasse les autres en beauté ; Morgen, comme on l'appelle, enseigne ce que chaque plante a de vertus pour la guérison des maladies ; elle sait aussi changer de forme et, comme un nouveau Dédale, fendre l'air avec ses ailes et se transporter à Brest, à Chartres, à Paris, ou bien redescendre sur nos côtes. On dit qu'elle a enseigné les mathématiques à ses sœurs Moronœ, Mazœ, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronœ, Thiton et Tith, la célèbre musicienne »

Ces neuf sœurs parmi lesquelles on reconnaît la célèbre Morgane sont là encore probablement les neuf prêtresses qui sont invoquées, par le même Pomponius Mela, dans sa description de l'île de Sein : « L'île de Sein, située dans la mer Britannique, en face du pays des Osismes, est renommée par un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées à la virginité perpétuelle, sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallicènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers, de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble, de guérir des maux partout ailleurs regardés comme incurables, de connaître et de prédire l'avenir, faveurs qu'elles n'accordent néanmoins qu'à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter. »

Il est à noter qu'entre 1138 et 1149, Geoffroy de Monmouth, s'était posé la question de la mort d'Arthur. Alors qu'il concluait dans l'Historia par « Que son âme repose en paix ! », il écrit dix ans plus tard, dans la Vita Merlini : « Après la bataille de Camlan nous y avons conduit Arthur blessé, ayant pour pilote Barinthe qui connaissait la mer et les étoiles. À son arrivée le prince fut accueilli par Morgane avec l'honneur qu'il méritait ; elle le déposa dans sa chambre sur de riches tissus, découvrit la blessure d'une main délicate et l'examina attentivement : elle dit enfin qu'elle se chargeait de lui rendre la santé, s'il voulait rester avec elle le temps nécessaire et se soumettre au traitement. Pleins de joie nous lui avons confié le roi et nous avons profité du vent favorable pour notre retour. »


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